Femme, réveille-toi ! Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne et autres écrits by Olympe de Gouges

Femme, réveille-toi ! Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne et autres écrits by Olympe de Gouges

Auteur:Olympe de Gouges [Gouges, Olympe de]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions Gallimard
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Une pièce contre l’esclavage

Sur « l’espèce d’hommes nègres »

Olympe de Gouges rappelle dans quelles circonstances elle s’est intéressée au sort des Noirs et justifie l’intérêt de traiter d’un tel sujet au théâtre.

L’espèce d’hommes nègres m’a toujours intéressée à son déplorable sort. À peine mes connaissances commençaient à se développer, et dans un âge où les enfants ne pensent pas, que l’aspect d’une Négresse que je vis pour la première fois, me porta à réfléchir, et à faire des questions sur sa couleur.

Ceux que je pus interroger alors, ne satisfirent point ma curiosité et mon raisonnement. Ils traitaient ces gens-là de brutes, d’êtres que le Ciel avait maudits ; mais, en avançant en âge, je vis clairement que c’était la force et le préjugé qui les avaient condamnés à cet horrible esclavage, que la nature n’y avait aucune part, et que l’injuste et puissant intérêt des Blancs avait tout fait.

Pénétrée depuis longtemps de cette vérité et de leur affreuse situation, je traitai leur histoire dans le premier sujet dramatique qui sortit de mon imagination. Plusieurs hommes se sont occupés de leur sort ; ils ont travaillé à l’adoucir ; mais aucun n’a songé à les présenter sur la scène avec le costume et la couleur, tel que je l’avais essayé, si la Comédie-Française ne s’y était point opposée.

Mirza avait conservé son langage naturel, et rien n’était plus tendre. Il me semble qu’il ajoutait à l’intérêt de ce drame, et c’était bien de l’avis de tous les connaisseurs, excepté les comédiens. Ne nous occupons plus de ma pièce, telle qu’elle a été reçue. Je la présente au public.

Revenons à l’effroyable sort des Nègres ; quand s’occupera-t-on de le changer, ou du moins de l’adoucir ? Je ne connais rien à la politique des gouvernements ; mais ils sont justes, et jamais la loi naturelle ne s’y fit mieux sentir. Ils portent un œil favorable sur tous les premiers abus. L’homme partout est égal. Les rois justes ne veulent point d’esclaves ; ils savent qu’ils ont des sujets soumis, et la France n’abandonnera pas des malheureux qui souffrent mille trépas pour un, depuis que l’intérêt et l’ambition ont été habiter les îles les plus inconnues. Les Européens avides de sang et de ce métal que la cupidité a nommé de l’or, ont fait changer la nature dans ces climats heureux. Le père a méconnu son enfant, le fils a sacrifié son père, les frères se sont combattus, et les vaincus ont été vendus comme des bœufs au marché. Que dis-je ? c’est devenu un commerce dans les quatre parties du monde.

Un commerce d’hommes !… grand Dieu ! et la nature ne frémit pas ! S’ils sont des animaux, ne le sommes-nous pas comme eux ? et en quoi les Blancs diffèrent-ils de cette espèce ? C’est dans la couleur… Pourquoi la blonde fade ne veut-elle pas avoir la préférence sur la brune qui tient du mulâtre ? Cette tentation est aussi frappante que du Nègre au mulâtre. La couleur de l’homme est nuancée, comme dans tous les animaux que la nature a produits, ainsi que les plantes et les minéraux.



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